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Comprendre la culture du tabac et ses impacts sur l’environnement

Les fumeurs sont bien informés quant à la dangerosité de la consommation de tabac sur la santé, et de mieux en mieux sur l’impact écologique des déchets mégots. Les répercussions environnementales de la culture du tabac sont nettement moins connues. Pourtant, on sait désormais que l’industrie de la cigarette est l’une des plus polluantes et des plus désastreuses pour la biodiversité.

 

Le tabac : une culture qui contribue à l’appauvrissement des sols

En plus de la pollution qu’il entraîne lors de sa consommation (émission de gaz à effet de serre, pollution des sols et des eaux par les mégots), le tabac est aussi la cause de dégâts environnementaux considérables durant son cycle de production. La culture même du tabac, avant toute transformation en cigarettes, a de multiples impacts environnementaux : déforestation, épuisements des sols, consommation démesurée des ressources en eau.

 

Culture du tabac et déforestation

La culture du tabac demande d’abord énormément d’espace. En Amérique du Sud, dans les Caraïbes, au Moyen-Orient, dans le sud de l’Afrique et en Asie du Sud-Est, des centaines de milliers d’hectares sont ainsi déboisés pour cultiver des plants de tabac. Avec la destruction de 600 millions d’arbres par an, l’industrie des cigarettes est responsable à elle seule de 5 % de la déforestation mondiale. Facteur aggravant, la culture du tabac est concentrée dans des zones déjà particulièrement vulnérables au risque de désertification.

En cause également, l’utilisation de la combustion du bois pour accélérer le séchage des feuilles de tabac après la récolte : un arbre entier est ainsi nécessaire à la production de 15 paquets de cigarettes.

Le tabac est aussi la cause de dégâts environnementaux considérables durant son cycle de production.

Comment la culture du tabac épuise les sols

L’absence de rotation des cultures est néfaste aux sols, qui sont appauvris en nutriments. Or, l’industrie des cigarettes monopolise des millions d’hectares pour la monoculture intensive des plants de tabac, particulièrement gourmands en nutriments. Elle accapare pour cela des terres agricoles destinées à l’alimentation, aggravant l’insécurité alimentaire des populations locales. Après une seule année de culture de tabac, la réhabilitation des sols est difficile et coûteuse. On peut déjà observer dans plusieurs pays un phénomène de désertification directement imputable à la culture du tabac, notamment au Brésil, en Inde, à Cuba et en Jordanie.

Une culture gourmande en eau

De la culture du tabac jusqu’à l’élimination du déchet mégot, chaque cigarette nécessite en moyenne à elle seule 3,7 litres d’eau. Tout particulièrement, la culture des plants de tabac est extrêmement gourmande en eau. À l’échelle de la planète, la culture du tabac utilise chaque année 22 milliards de tonnes d’eau selon un rapport de l’OMS publié en 2022.

Le tabac : une culture qui nécessite de nombreux engrais de synthèse et pesticides

Ces pesticides et engrais chimiques ont des effets néfastes sur la biodiversité et sur les nappes phréatiques.

Parce qu’elle est menée de manière intensive et qu’elle est particulièrement consommatrice de nutriments, la culture du tabac appauvrit rapidement les sols : les plants sont ainsi fragilisés et nécessitent encore davantage de traitements chimiques pour résister aux maladies et aux parasites, pour croître rapidement et assurer la meilleure rentabilité aux industriels du secteur.

Sixième industrie agricole la plus consommatrice de pesticides avec 185 000 tonnes de produits déversés par an, la culture du tabac figure parmi les plus polluantes. Les produits utilisés – insecticides, fongicides, herbicides, régulateurs de croissance et fumigants – sont pour la plupart interdits en France. Ils ne font en revanche l’objet d’aucun contrôle ni cadre législatif dans les pays en voie de développement où sont produits 90 % des feuilles de tabac.

Ces pesticides et engrais chimiques ont des effets néfastes sur la biodiversité et sur les nappes phréatiques. Certains produits, comme le bromure de méthyle utilisé pour fumiger les sols avant la plantation, portent également atteinte à la couche d’ozone.

Les risques sur les personnes

En plus de l’insécurité alimentaire provoquée par la culture des plants dans les zones où l’industrie du tabac accapare des terres arables, les populations locales sont confrontées à d’autres risques majeurs pour leur santé.

L’exposition aux pesticides et engrais de synthèse est ainsi la cause de graves problèmes de santé, touchant les habitants à proximité des plantations, mais surtout les travailleurs qui y exercent au quotidien. Tumeurs bénignes et malignes, perturbations endocriniennes, modifications génétiques, troubles neurologiques et sanguins, risque d’infertilité, dysfonctionnement rénal, figurent parmi les conséquences sanitaires reconnues de l’exposition aux pesticides.

Moins connus sont les risques indirects liés à l’usage de substances toxiques dans les champs de tabac : elles peuvent en effet entraîner une sélection génétique de moustiques résistants aux insecticides, et entraver ainsi la lutte contre le paludisme, qui sévit tout particulièrement dans des régions du monde où est cultivé le tabac, notamment dans le sud de l’Afrique, en Inde et en Amérique du Sud.

Enfin, les cultivateurs de tabac sont exposés massivement à la nicotine lors de la manipulation des feuilles humides de tabac. On estime que l’absorption quotidienne de nicotine d’un travailleur en champ de tabac est équivalente à la consommation de 50 cigarettes. Un chiffre d’autant plus considérable que de nombreux enfants travaillent dans la culture de tabac. Ils sont particulièrement vulnérables à l’intoxication à la nicotine, appelée aussi « maladie du tabac vert », qui cause malaises, faiblesse musculaire, vomissements et maux de tête.

 

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), institution de l’ONU spécialisée dans la santé publique, alerte les consommateurs et les pouvoirs publics sur le double impact délétère de l’industrie du tabac, à la fois pour la santé humaine et pour l’environnement. Face aux dégâts environnementaux et sanitaires causés à tous les niveaux du cycle de vie d’une cigarette, à commencer par la culture du tabac, l’OMS encourage toutes les initiatives et mesures prises dans plusieurs pays pour sensibiliser les consommateurs de tabac d’une part, et pour responsabiliser les compagnies de tabac d’autre part. Il s’agit par exemple d’instaurer une législation de type « pollueur-payeur » pour une industrie responsable de tonnes de déchets aux effets néfastes reconnus pour l’environnement. Il s’agit aussi, en amont, de soutenir les cultivateurs de tabac pour les aider à se réorienter vers des cultures durables.

L'OMS, institution de l’ONU spécialisée dans la santé publique, alerte les consommateurs et les pouvoirs publics sur le double impact délétère de l’industrie du tabac.